>> HISTORIQUE.

Rokin, Amsterdam, Janvier 2007.

Trouvé sur une poubelle métallique, un sticker noir et trois mots dessus :
« Oh, No, John ! »
Rien de plus. Aucune explication, ni suite ni commencement.
Simplement l’impression d’avoir pris l’histoire en cours de route.
À qui cette exclamation est-elle destinée, d’où cela peut-il bien venir ??

Fin du premier chapitre.

 

Lyon, septembre 2007.
Ces trois mots ont voyagé et, jeunes créatifs issus de différents horizons, nous avons répondu chacun à notre façon à cette exclamation, croisant nos pratiques et nos imaginations.
« Graphisme », « art », « design », « objet »… Autant de termes désignant des secteurs d’activité artistique aux frontières parfois fluctuantes, par delà lesquelles chacun offre une réponse et son savoir faire.
Ces créations sont réunies en une exposition commune que nous faisons voyager, hors des circuits de galeries habituels, pour l’offrir au plus grand nombre.
Nous souhaitons, à travers nos créations, convoquer la narration, provoquer l’imagination et libérer celle des visiteurs en exposant de multiples situations dans lesquelles « OH NO JOHN ! » peut être prononcé dans notre quotidien. C’est une étude inspirée des travaux de G.Perrec, (« les choses »), où dans l’infime et l’absurde de ce quotidien, par delà le futile et l’anarchie quotidienne de « notre monde », se dégage un vécu commun. « Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l'évident, le commun, l'ordinaire, l'infra-ordinaire, le bruit de fond, l'habituel, comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire? » (L'infra ordinaire).
Nos créations sont objets, ou visuels, elles sont un regard sur l’ordinaire, un réalisme qui s’offre, sans présomption. Elles soulignent, telles cette exclamation, les petites épines ordinaires, ces détails sur lesquels nous nous accrochons, et qui prennent soudain un relief insoupçonné. Et selon la manière dont ces trois mots sont formulés, ce sont autant de récits qui s’ouvrent, de vécus qui se livrent, d’émotions qui sont véhiculées. De la situation la plus pathétique à la plus légère, entre poésie et virulence, chaque projet trouve sa place et sa manière de prononcer, susurrer, chuchoter, souffler, crier, hurler, s’exclamer « OH NO JOHN !».
Gilles Clément aime à parler des plantes vagabondes, celles qui s’attachent, s’accrochent à quelqu’un, homme ou animal, pour voyager, aller se déposer et s’épanouir plus loin. Cette exposition peut être considérée comme une plante vagabonde. Elle va voyager et se développer, différemment à chaque fois, selon son terrain d’accueil. Les objets ou visuels produits, ainsi que la communication graphique appartiennent à son génome de base. L’exposition en est constituée et voyage avec, elle s’adapte ensuite, avec ce bagage, au lieu qui l’accueille.
Cette envie commune de création témoigne du dynamisme de la « nouvelle scène » de la création, Mue par des idées généreuses et joyeuses, qui ne souhaitent qu’être partagées. Une certaine complexité et l’immobilisme des circuits habituels de diffusion nous font préférer le hors piste, et rester dans cette énergie d’art de la rue, qui s’exprime et interpelle par sa présence parfois surprenante, incongrue.
Le sticker trouvé est un de ces modes d’expression, ses créateurs (que nous avons contactés), l’ont souhaité ainsi, et confié aux réactions de chacun, par le biais de la rue. En nous en emparant, nous mettons à notre tour en place un système de communication où le visiteur reste dans un univers habituel, de l’ordre du quotidien. Il pénètre dans un appartement qui pourrait presque être le sien, reconnaîtra peut être les étagères, qu’il a également, ou ce lustre, oublié presque. Puis ce seront les visuels, les objets, qui capteront son regard et l’entraîneront à leur suite. Signalés par des touches colorées, une signalétique forte et reconnaissable/identifiable, ils s’insèrent en ces lieux et invitent les visiteurs à leur suite.

 

>> LA PROPOSITION:

Tout est calme, lorsque soudain.... « OH NO JOHN ! »

Qu’est ce qui, dans notre charmant quotidien, peut nous pousser à nous exclamer
« OH NO JOHN ! » ? (ou MARY).
Depuis les boulettes du quotidien, de la chaussette-qui traîne-encore-par-terre, jusqu’ aux situations les plus folles...
A nous de l’imaginer.
Cette idée est née en découvrant par hasard un sticker « Oh, No, John ! » dans les rues d’Amsterdam, et en tentant d’imaginer quelles situations cette exclamation pouvait recouvrir. L’exclamation est plutôt universelle, et est compréhensible sous toutes les latitudes. L’envie est venue ensuite de partager notre idée de la situation « Oh No John ! » à travers des créations, qui sont nos moyens d’expression personnels. Ces créations sont aussi l’occasion de poser la question, à soi et aux autres : dans quelles situations OH-NO-JOHNiennes nous reconnaissons nous ??